Ma vision pour Liège : Patrimoine et mémoire

Ma vision pour Liège : Patrimoine et mémoire

Imaginé dans les années 20 pour saluer la mémoire des soldats tombés lors de la Première Guerre Mondiale, le Monument Interallié de Cointe s’était mué en site inexploité. 

Désireux de remettre en lumière ce bâtiment et de poursuivre le devoir de mémoire inspiré par ce lieu, Gilles Foret a imaginé, dès 2011, l’installation d’un phare au sommet du monument. Un peu fou, ce projet s’est concrétisé à l’été 2014, au soir des Commémorations du conflit 14-18. Depuis lors, le Phare de Liège illumine ponctuellement le ciel liégeois, offrant à la ville un nouveau pôle d’attraction touristique.  

En 2018, toujours animé par la volonté de préserver le patrimoine liégeois et de dynamiser l’offre touristique, Gilles Foret livrait un autre projet ambitieux à la critique des Liégeois : la transformation du site du HFB en parc récréatif.  

Liège peut-elle s’imposer comme une destination touristique de premier choix ?  

« J’en suis convaincu. Liège affiche une histoire millénaire dont on trouve trace dans les 450 sites et monuments classés recensés sur le seul territoire de la ville. Outre cet héritage historique, Liège a de nombreux atouts pour se positionner, et croître, sur la carte du tourisme commercial, culturel, fluvial ou gastronomique.  

Le potentiel est là…encore faut-il le rendre attractif. Indépendamment d’importants chantiers de réaménagement du centre-ville qui pourraient être menés (Maastricht est, dans ce cadre, une inépuisable source d’inspiration), je pense que nous pourrions gagner de nombreux points en jouant sur des détails tels que l’embellissement de la devanture de nos commerces.  J’ai envie que le visiteur débarquant à Liège se dise d’emblée qu’il s’agit d’une belle ville. » 

En raison de son emplacement ainsi que la présence d’une gare TGV et d’un aéroport, la ville a également une belle carte à jouer en matière de tourisme d’affaires  

« Assurément. A ce titre, la rénovation du Palais des Congrès doit s’imposer comme un chantier prioritaire si l’on veut permettre à Liège d’accueillir des évènements professionnels d’envergure. »  

Comment concilier modernisation de la ville et préservation de certains bâtiments ?  

« A Liège, la question de la préservation du patrimoine agite régulièrement les esprits. Une politique efficace en la matière doit débuter par une mise à jour du cadastre du patrimoine public. Le dernier recensement remonte à une vingtaine d’années. Il serait intéressant, pour l’ensemble des Liégeois, de disposer d’une vue globalisée et actualisée sur ce patrimoine. Celle-ci faciliterait la priorisation des projets de rénovation tout en permettant aux citoyens de mieux comprendre la vision des autorités publiques. 

Ensuite, pour concilier intelligemment modernisation et préservation, il faut accepter que certains sites soient réaffectés, même si cela induit des transformations qui impactent leur authenticité. Rendre ce patrimoine fonctionnel, adapté aux besoins actuels, est parfois le prix à payer pour le garder vivant. Et quand aucun investisseur ne peut être trouvé, comme ce fut le cas sur le site de l’ancienne dentisterie de Bavière, il faut savoir être pragmatique et renoncer. » 

Les pouvoirs publics consacrent-ils suffisamment de moyens financiers à la sauvegarde du patrimoine ?  

« L’entretien et la restauration du patrimoine représentent un budget considérable qui nécessite de faire des choix. Les récentes rénovations de la Fontaine du Perron, de la statuaire de parcs publics ainsi que de certaines églises et collégiales témoignent toutefois de l’attention que les autorités portent à la sauvegarde du patrimoine.  

Mais le soutien financier n’est pas tout ! La Ville doit également endosser un rôle de facilitateur pour aider au mieux les entrepreneurs privés qui veulent participer à la préservation de certains sites. Et en la matière, il y a encore beaucoup de choses à améliorer. » 

Cette absence de facilitation administrative fait-elle fuir les investisseurs ?  

« Il est certain que la lenteur et la complexité de nos processus décisionnels peut faire fuir de potentiels investisseurs. J’ai expérimenté ces manquements au cours du projet du Phare de Liège. Ma volonté était de mettre en lumière un important édifice liégeois inexploité. Pour concrétiser cette idée, j’ai levé 100.000 € auprès du grand public et de sponsors privés. Preuve que cette initiative rencontrait un soutien populaire. Je n’ai pas demandé un euro de subside. Et pourtant, sa concrétisation fut un véritable parcours du combattant. Quatre ans après l’inauguration du phare, je ne dispose toujours pas des autorisations définitives. Aussi, au vu de la complexité des procédures, je comprends que certains investisseurs se découragent. »  

Voici quelques mois, vous avez exposé un autre projet original de sauvegarde patrimoniale : la transformation du HFB en parc d’attractions…   

« La fin de la mise sous cocon du HFB touche progressivement à son terme. Une échéance nous obligeant à repenser le futur de ce site si nous ne voulons pas que celui-ci se transforme en nouveau chancre urbain. Dans le cadre de cette réflexion, Fabian Culot (Conseiller communal à la ville de Seraing) et moi avons imaginé la création d’un parc récréatif sur le site emblématique du HFB. Nous ne sommes pas les premiers à y avoir pensé. En revanche, nous sommes les premiers à avoir couché l’idée sur papier. » 

Est-ce réaliste ? 

« Nous sommes bien conscients des difficultés se présentant sur la route d’un tel projet : dépollution, démantèlement, affectation au plan de secteur, financement… Mais nous sommes également convaincus du caractère réaliste et réalisable de ce projet qui apporterait une dynamique inédite à cet axe situé au carrefour du Condroz, de la Hesbaye et de la Vallée mosane. Le tout, sans contraindre l’avenir des sites industriels voisins. La Rhur, la Sarre, la Lorraine et le Luxembourg ont réussi la reconversion de leurs anciennes zones industrielles. Pourquoi notre région ne pourrait-elle pas en faire autant ? Soyons ambitieux bon sang ! »   

Pourquoi un parc récréatif plutôt qu’un site purement patrimonial ?  

« Car ce sont les activités récréatives qui tirent aujourd’hui les chiffres du tourisme belge vers le haut. Il est louable de vouloir créer des sites exclusivement dédiés au patrimoine industriel, mais si le public ne suit pas… La réaffectation est le meilleur moyen de préserver ce témoin de notre épopée industrielle tout en faisant un projet économiquement viable, à même de diversifier notre offre touristique. »

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