Ma vision pour Liège : L’économie et la culture

Ma vision pour Liège : L’économie et la culture

Rejoindre un jour le monde de l’entreprise : une idée qui n’a jamais fait un pli dans l’esprit de Gilles Foret.

A l’âge de 26 ans, il concrétise cette aspiration en prenant la tête du bureau Adecco Logistics nouvellement créé sur le site de Liege Airport.

Cinq années plus tard, il rejoint les rangs de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Liège-Verviers-Namur en tant que Chargé de relations. Il y prend conscience de la réalité entrepreneuriale et des difficultés quotidiennement rencontrées par de nombreux dirigeants. Toujours à la CCI, il pilotera, dès 2011, le projet MADE IN, un concept évènementiel mettant, chaque mois, en lumière le potentiel de production et de fabrication d’une commune ainsi que ses acteurs socio-économiques.

Attentif au redéploiement économique du bassin liégeois, Gilles Foret est, depuis plusieurs années, Administrateur de la SPI (l’agence de développement économique pour la province de Liège) et du GRE-Liège.

Convaincu que la culture constitue elle aussi un moteur de développement économique, il fait partie du Conseil d’administration de l’Orchestre Philarmonique Royal de Liège, du Créahm-Mad Musée et de l’ASBL Caméra-Etc

 A la Chambre des Représentants, enfin, il suit de près les matières liées à l’économie digitale (e-commerce, Big et Open Data, robotisation, Internet des Objets…).

Êtes-vous optimiste sur l’avenir de l’économie liégeoise ?

« Oui. Au-delà des chiffres, c’est l’émergence d’une mentalité nouvelle qui me réjouit. De nombreux jeunes affichent l’envie de créer leur propre activité, de ne pas être dépendant. Actifs dans le secteur des nouvelles technologies, mais pas seulement, ces entrepreneurs en devenir insufflent une nouvelle dynamique et viennent enrichir le tissu économique traditionnel. »

Lors de votre passage à la Chambre de Commerce, vous avez été durant 5 ans en contact quotidien avec les entrepreneurs de la région. Quelles sont les principales actions que vous aimeriez mettre en œuvre à l’attention de ce public ?

« Il faut aller plus loin encore dans le processus de facilitation administrative initié par le Gouvernement fédéral. Stop à la ‘formulocratie’ ! Du permis d’exploitation aux aides à l’emploi, des outils nouveaux doivent être mis en place pour éviter aux entrepreneurs de perdre un temps précieux dans ces méandres administratifs. Les nouvelles technologies sont en mesure de nous faire réaliser un saut considérable en la matière.

Je suis également partisan d’une fiscalité juste, et non oppressante. En dépit de certaines évolutions législatives, la pression fiscale sur les sociétés demeure trop élevée dans notre pays.

J’aimerais, enfin, mettre un programme en œuvre pour prévenir le burn-out des chefs d’entreprise. De nombreuses initiatives ont vu le jour pour accompagner les collaborateurs touchés par ce syndrome d’épuisement professionnel. C’est très bien. Mais il ne faut pas oublier que 10 à 15 % des dirigeants de (T)PME sont également touchés par ce mal professionnel. »

Existe-t-il encore un avenir pour l’industrie, à Liège ?

« Comme tout Liégeois, j’ai bien évidemment été marqué par les fermetures et restructurations multiples qui ont impacté notre industrie lourde au cours des dernières décennies. Et pourtant, même si nous ne sommes plus la grande région industrielle que nous avons été, je crois encore dans l’avenir de notre industrie. Comment pourrait-il en être autrement quand on observe le formidable essor rencontré, entre autres, par le Groupe CMI (Cockerill Maintenance & Ingénierie) ? Encore moribond voici une quinzaine d’années, il a depuis lors triplé son chiffre d’affaires et quadruplé son effectif grâce à une intelligente politique de diversification technologique et géographique.

Je profite, par ailleurs, de cette question pour rappeler que l’industrie liégeoise ne se résume pas au monde de la sidérurgie. Nous avons la chance de compter sur notre territoire des industries florissantes dans des domaines tels que l’aéronautique. En témoigne le bel état de forme affiché par Safran Aero Booster (ex-Techspace Aero) qui a recruté 150 collaborateurs au cours des derniers mois. Parallèlement au maintien de l’activité dans ces métiers historiques, nous devons favoriser l’émergence de nouveaux pôles industriels à Liège, que ce soit dans l’aérospatial, l’énergie ou les biotechnologies. Nous devons miser sur les secteurs industriels émergents à haute valeur ajoutée, notamment dans le secteur numérique. Liège ne peut prospérer en s’appuyant sur son seul secteur tertiaire. Ce dernier a besoin d’une industrie forte à ses côtés. »

La culture peut-elle aussi contribuer au renouveau de l’économie liégeoise ?

« Assurément ! A la croisée de plusieurs axes stratégiques, la culture est un moteur de développement social, mais aussi économique. A ce titre, réjouissons-nous que Liège se soit imposée comme l’un des principaux pôles culturels de Wallonie. La ville abrite pas moins de 17 théâtres, 5 cinémas, 3 centres culturels, 3 festivals musicaux, 3 festivals de films, 5 salles événementielles ainsi qu’une quinzaine de musées. Autour de ces institutions gravite une multitude de lieux, d’initiatives, politiques ou privées, d’évènements alternatifs… Bref, la culture à Liège, ce n’est pas rien ! Pour autant, aussi positif que soit cet état des lieux, nous ne pouvons le considérer comme une fin en soi. »

Que préconisez-vous pour franchir une marche supplémentaire ?

« Permettre aux habitants de Liège et aux visiteurs d’assister à un spectacle à l’Opéra ou au théâtre, c’est bien mais insuffisant. Pour soutenir la croissance du secteur, il faut également susciter des synergies et des coopérations entre ces différents acteurs et champs culturels.

Pour rester performante, Liège doit parallèlement encourager la création d’un Pôle des Industries Créatives et Culturelles. Celui-ci serait un espace dédicacé aux univers numériques et créatifs (gaming, e-éducation, Education Tech, presse digitale, animation 3D, musique, réalité virtuelle et augmentée, e-sport…) Un lieu qui permettrait d’anticiper l’émergence de nouveaux métiers et qui enrichirait l’écosystème initié par l’implantation du Pôle Image de Liège et de MédiaRives. »

Comment dynamiser davantage le commerce liégeois ?

«Le centre-ville souffre d’un manque d’attractivité. La propreté suscite, depuis de nombreuses années, le ras-le-bol des Liégeois. La mobilité fait office de repoussoir pour les visiteurs venant de la périphérie ou d’ailleurs. Le sentiment d’insécurité – qui prend d’ailleurs parfois le pas sur la réalité – est également fréquemment pointé. Il faut également instaurer une politique urbanistique propre au Cœur historique concernant, notamment, certaines enseignes. En quelques années, des rues telles que celle des Guillemins ou En Neuvice ont retrouvé un cachet indéniable. Il est donc possible de renverser la vapeur.  J’aspire également que soit revue la manière dont nous faisons la promotion de nos commerces. Nous affichons un sérieux train de retard en matière d’outils de communication. De nouvelles pratiques de consommation existent (e-commerce, web-to-store, offres promotionnelles personnalisées, pop-up stores…). Liège doit aider ses commerçant à mieux exploiter ces nouvelles manières de faire du commerce ».

Comment ?  

« Il existe aujourd’hui quantité d’informations éparses relatives aux commerces : horaires d’ouverture, produits commercialisés, promotions… A mon sens, le rôle de la Ville est de centraliser ces données et de faciliter leur accès. Cette politique de données publiques ouvertes (Open Data) peut également être mise à profit pour créer des solutions de parking intelligent. Reliés à des applications de guidage, des capteurs installés sur des emplacements de stationnement permettraient aux automobilistes d’identifier, en temps réel, les places disponibles dans chaque rue. Une idée, parmi d’autres, pour décongestionner le trafic, revitaliser le centre-ville et propulser Liège dans une réelle dynamique de smart city. »

Cette redynamisation des commerces liégeois passe-t-elle aussi par une ouverture dominicale ?

« Cela ne me paraît pas indispensable. Les récentes tentatives du genre ne se sont pas soldées par un réel succès.  Le dimanche, le cœur de Liège bat au rythme de la Batte. Je préfère que l’on mise sur l’animation de cette zone commerciale tout en ponctuant l’année de quelques ouvertures dominicales ou nocturnes exceptionnelles avec une participation maximale des commerçants. »

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