Ma vision pour Liège : L’enseignement

Ma vision pour Liège : L’enseignement

Gilles Foret se définit comme un pur produit de l’enseignement communal liégeois. C’est à l’Ecole du Jardin Botanique, à deux pas de la célèbre statue de Charlemagne qu’il effectue ses études primaires avant de rejoindre l’Athénée royal Charles Rogier (Liège 1) en option Latin-Math.  

A l’instar de ses deux parents, c’est au sein de la Faculté de Droit de l’Université de Liège qu’il poursuit, ensuite, son cursus. Une formation qu’il conçoit comme un tremplin vers d’autres horizons.  

Un séjour Erasmus passé dans la ville voisine de Maastricht ponctue sa dernière année d’étude. « Liège n’était qu’à 35 km », s’amuse-t-il. Mais le dépaysement est total. Loin des grands amphithéâtres liégeois, il y appréhende une pédagogie plus active et participative.   

Sa licence de Droit en poche, il décide d’étoffer ce bagage théorique par diverses expériences de terrain. Passionné, depuis l’enfance, par le secteur de la logistique et du transport, il effectue une série de stages volontaires dans ce domaine. L’occasion de découvrir les coulisses de sociétés telles que TNT, ISPC ou Les Aéroports de Paris.

Depuis 2015, vous faites partie du Conseil d’administration de l’Université de Liège. Comment concevez-vous cette mission ?

« Mon ambition n’est bien évidemment pas de formuler des recommandations en matière d’enseignement ou de recherche. Il existe des personnes bien plus qualifiées que moi pour s’acquitter de cette tâche. Je conçois mon rôle de membre du Conseil d’administration comme celui d’un trait d’union entre l’université et sa ville. Cette institution est un pion essentiel de la vie liégeoise. Mon objectif est d’en faire un acteur s’intégrant mieux encore dans la dynamique urbaine. »

Quels sont plus précisément les dossiers sur lesquels vous intervenez ?

« La mobilité vers et sur le site du Sart Tilman retient particulièrement mon attention. Je n’exclus en la matière aucune option : du développement de pistes cyclables à l’augmentation de la fréquence des bus en passant par la création d’une liaison téléphérique. Je souhaiterais également voir le campus du XX août au centre d’un réaménagement urbain ambitieux qui connecterait l’Université à la Meuse, au centre-ville et aux différents modes de transport. »

Comment accroître le rayonnement de l’ULiège, dans et au-delà de nos frontières ?

« Entre l’ULB – l’université de la capitale-  et l’UCL – l’université d’un réseau catholique -, il n’est pas toujours évident pour l’ULiège de se positionner. Pour se distinguer, sans doute doit-elle davantage capitaliser sur son ancrage eurégional en créant des synergies avec les universités de Maastricht et de Cologne. Elle doit également encourager ses professeurs à valoriser leur expertise en leur donnant la possibilité de créer des cours dans des domaines de niche. Ce fut, notamment, le cas cette année avec le lancement d’une formation unique en Belgique francophone axée sur les Douanes et Accises. »

Notre enseignement est-il en mesure de répondre aux besoins des entreprises ?

« A l’heure d’aujourd’hui, force est de constater qu’il existe une inadéquation entre l’offre éducative et les besoins des entreprises. Ce décalage entravant notre développement économique, il est grand temps d’agir au risque, sinon, de voir les choses encore s’aggraver sous le coup de l’évolution technologique. Pour relever ce défi d’envergure, il convient de travailler avec l’Université de Liège et les Hautes Ecoles afin de développer davantage de spécialisations liées aux secteurs industriels appelés à se développer dans le bassin. Je pense, notamment, à la logistique et l’aérospatial qui sont d’ores et déjà des secteurs porteurs, mais aussi à l’e-santé, l’Internet des Objets, l’Intelligence artificielle ou la cybersécurité qui sont les métiers porteurs de demain.

Il convient également d’informer davantage les jeunes sur l’absence de débouchés dans certains secteurs. Nos entreprises ont cruellement besoin de profils techniques, scientifiques et technologiques. Orientons les jeunes vers les formations porteuses ou en émergence.

Pour choisir une voie, encore faut-il la connaître ! Aussi, donnons aux étudiants la possibilité de découvrir la diversité des métiers réunis au sein de certaines entreprises en systématisant l’organisation de ‘journées découverte’ à leur attention. Ces visites pourraient aussi être l’occasion de mettre en lumière des métiers manuels encore trop souvent dévalorisés. »

Parlant d’enseignement qualifiant, Liège dispose-t-elle d’établissements susceptibles d’éveiller l’attrait des plus jeunes ?

« Et comment ! Songeons seulement aux formations proposées par les écoles d’Horticulture, d’Armurerie ou d’Hôtellerie. J’ai le sentiment que ces établissements sont insuffisamment mis en avant et que leur potentiel demeure sous-estimé par les Liégeois eux-mêmes. Rappelons ainsi que le centre d’enseignement Léon Mignon est l’unique école de Belgique formant au métier d’armurier. Il entretient un savoir-faire ancestral qui a fait – et fait encore – la renommée de Liège sur le plan international. Cultivant également une culture de l’excellence, les écoles d’Horticulture et d’Hôtellerie dispensent des savoirs et savoir-faire faisant écho aux multiples initiatives voyant le jour, à Liège, en faveur d’une alimentation saine et d’une plus grande souveraineté alimentaire. Elles incarnent, elles aussi, les métiers de demain. A mes yeux, il serait judicieux de jeter des ponts entre ces deux établissements pour que Liège se positionne davantage sur la carte du ‘mieux manger’. Les compétences sont là. Une volonté partagée suffirait à créer cette dynamique. »

L’orientation professionnelle des jeunes est au cœur de la Cité des Métiers. Un projet liégeois qui peine à se concrétiser…

« Je le regrette, car c’est un projet louable. Qu’elle se nomme Cité des Métiers ou autrement, je suis favorable à la création d’une plateforme mettant en relation toutes les acteurs liés au monde de l’emploi et de la formation : enseignants, entrepreneurs, représentants politiques et syndicaux, directeurs d’organismes de formation, apprenants… Informant sur les métiers en devenir, ce lieu contribuerait à adapter l’emploi et la formation régionale à la révolution digitale et numérique en cours. Il est urgent que les forces vives liégeoises se mobilisent derrière une ligne stratégique commune. Cela ne nécessite pas un investissement financier démesuré. Il faut juste reconnecter les gens. »

Qu’est-ce qui singularise la pensée libérale en matière d’éducation ?

« La conception libérale se caractérise par la volonté de garantir le libre choix de l’établissement scolaire par les parents. Pour que cette liberté existe, l’offre éducative doit être diversifiée. Ce qui est le cas à Liège où les parents ont la chance de pouvoir s’orienter vers le réseau libre ou officiel, d’opter pour une pédagogie active ou plus traditionnelle, sans oublier la possibilité d’inscrire son enfant en immersion ou en section sport-études. Nous devons cultiver cette diversité et veiller à ce que chacun, quelle que soit la filière choisie, dispose, au terme de son cursus, d’une chance égale de réussite.

Outre cette essentielle valeur de liberté, la pensée libérale se caractérise par la responsabilité du politique à lutter contre le fait que des jeunes ne sont actuellement ni aux études, ni en formation, ni au travail. Dans une société solidaire telle que nous la concevons, il est du devoir des autorités de ramener ces jeunes sur le chemin de l’école ou du marché du travail.»

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